Le mot épistaxis vient du grec " epistaksis
" qui signifie : saignement de nez . En médecine vétérinaire,
ce terme ne définit pas seulement un écoulement de sang dont l’origine
est la cavité nasale mais concerne un saignement provenant de appareil
respiratoire et perceptible au niveau des naseaux. Ce n’est pas une pathologie
proprement dite mais plutôt un symptôme.
Présentation
Les saignement de nez chez le cheval ne
sont pas rare, de plus, l’hémorragie peut aller de quelques gouttes
de sang à un saignement continu, abondant et de longue durée.
Ce n’est donc pas un problème à prendre à la légère,
l’investigation du système respiratoire par le vétérinaire
traitant est indispensable.
L’épistaxis est une conséquence
d’un nombre non négligeable de maladies fréquentes, occasionnelles
voire rares chez le cheval.
L'origine du sang coulant des naseaux
Le sang qui s’écoule par les
naseaux peut provenir des différentes parties de l’appareil respiratoire
:
les cavités nasales, les sinus
le pharynx, le larynx
les poches gutturales
la trachée, les bronches et les alvéoles pulmonaires.
La cause de l’hémorragie est
parfois une pathologie plus générale comme les troubles vasculaires
et les troubles de l’hémostase.
Le saignement est :
unilatéral : concerne un seul naseau,
bilatéral : les deux naseaux,
asymétrique un naseau puis l’autre
 |
Pathologies des cavités nasales
ou sinus
épistaxis unilatérale.
Pathologies des poches gutturales
épistaxis bilatérale mais asymétrique.
Quand les structures
atteintes sont plus profondes l’épistaxis est le plus souvent
bilatérale. |
La nature de l’écoulement
est un élément important pour en déterminer l’origine.
Ecoulement
de sang artériel de couleur rouge vif (la mycose des poches gutturales)
Ecoulement
de sang veineux (noirâtre), associées à un jetage purulent
(sinusite ou abcès pulmonaire)
Les circonstances d’apparition peuvent
orienter le diagnostic. Par exemple, après un exercice violent l' hémorragie
pulmonaire induite par l’exercice ou HPIE est possible tandis que suite
à un coup de pied ou une intubation naso-gastrique la cause est traumatique.
L’endoscopie équine permet de
localiser de manière assez précise l’origine de l’épistaxis.
Ecoulement unilatéral.
A) Les cavités nasales
Le plus souvent le saignement
est unilatéral et est la conséquence
d’un traumatisme.
Causes moins fréquentes :
- l’hématome progressif de l’ethmoïde,
- la mycose des cavités nasales,
- les néoplasmes,
- les polypes.
Le diagnostic est posé grâce
à la rhinoscopie, la radiographie et la biopsie des masses.>
L’hématome
progressif de l’ethmoïde est une masse de tissu mou très
vascularisée provenant de l’ethmoïde (os du crâne
qui fait saillie dans la cavité nasale et qui est recouvert par la
muqueuse) On le rencontre chez les chevaux âgés, la cause
est inconnue. Un traitement est possible mais il y a 45 % des cas
récidivant.
La mycose des cavités
nasales est due à une infection par des champignons. Ces derniers
colonisent la muqueuse et provoquent des lésions vasculaires.
Les polypes sont
des masses provenant de la muqueuse nasale. Leur croissance est lente et résulte
d’un grossissement de la muqueuse ou d’une inflammation chronique.
Les polypes et les mycoses entravent également
le passage de l’air par le rétrécissement du diamètre
de la cavité nasale concernée.
B) Les sinus.
Les sinus sont des cavités situées
dans les os de la face et du crâne. Ils sont tapissés d’une
muqueuse et les plus importants sinus communiquent directement ou indirectement
avec les cavités nasales.
Le cheval possède plusieurs sinus :
les 2 maxillaires supérieurs (un de chaque côté),
les 2 maxillaires
inférieurs,
le frontal,
l’ethmoïdal
le sphéno-palatin.
Les sinus maxillaires sont les plus souvent
affectés.
Pathologies
des sinus susceptibles de provoquer de l’épistaxis :
Les
sinusites bactériennes et mycosiques,
Les
traumatismes
Les
tumeurs.
Les moyens d’exploration des sinus
sont la radiographie, la sinusoscopie.
Ecoulement bilatéral.
A) Le pharynx et le larynx.
Le pharynx constitue le carrefour
entre le système respiratoire et le système digestif.
Il agit comme un clapet qui empêche les aliments de pénétrer
dans les voies respiratoires lors de la déglutition. Il est donc évident
qu’un saignement à ce niveau produit une épistaxis des
deux naseaux.
B) Les poumons.
La pathologie la plus
fréquemment rencontrée est l’hémorragie
pulmonaire induite par l’exercice ou HPIE.
L’origine de ce trouble est multifactorielle.
Les contraintes mécaniques d’origines diverses appliquées
sur le tissu et les vaisseaux pulmonaires pendant des exercices de forte intensité
fragilisent la membrane alvéolo-capillaire et provoquent des hémorragies.
L’inflammation chronique des petites voies respiratoires et des altérations
de la coagulation sanguine sont des facteurs prédisposant à
l’HPIE.
L’influence des saignements sur les
performances sportives est variable d’un individu à l’autre,
l’intolérance à l’effort est variable.
Les examens complémentaires à
réaliser en vue d’un diagnostic précis sont l’endoscopie,
le lavage trachéal, le lavage broncho-alvéolaire. La radiographie
présente un intérêt limité car il n’y a pas
de corrélation établie entre les lésions radiologiques
et anatomopathologiques.
D’autres maladies sont à l’origine
de saignement occasionnel au niveau du poumon. Nous citerons : les abcès
pulmonaires (surtout chez les poulains), les pneumonies, les pleuropneumonies.
Un cheval atteint de fibrillation auriculaire
c’est-à-dire une arythmie cardiaque constituée de contractions
désordonnées des oreillettes peut présenter de l’épistaxis.
Les saignements sont la conséquence de l’hypertension qui règne
au niveau des vaisseaux pulmonaires.
Ecoulement bilatéral et asymétrique.
Les poches gutturales.
Une poche gutturale est un diverticule de
la trompe d’Eustache spécifique du cheval. La trompe d’Eustache
est un conduit qui assure la communication entre l’oreille interne et
le pharynx. Elle joue un rôle très important dans l’équilibration
des pressions au niveau des oreilles. Les poches gutturales sont situées
dans le triangle de Viborg qui est délimité par la branche montante
de la mandibule, la veine faciale et le tendon du muscle sternocéphalique.
Elles peuvent être perçues extérieurement dans l’angle
entre la mandibule et l’encolure lors de tympanisme c’est-à-dire
lorsqu’elles sont gonflées par de l’air. Elles sont parcourues
sur leurs faces externes de structures très importantes comme les artères
carotides interne et externe, l’artère maxillaire et les derniers
nerfs crâniens ce qui en cas de problème peut entraîner
des conséquences gravissimes. Les pathologies qui nous intéressent
ici sont la mycose et l’empyème des poches gutturales.
La mycose est due à différentes
espèces de champignons mais Aspergillus sp. semble généralement
responsable. Il forme des placards nécrotiques sur la muqueuse dans
la poche médiale et le long des artères, ce qui provoque une
réaction inflammatoire importante et une érosion locale. L’épistaxis
qui en résulte peut être fatale si la carotide interne se rompt,
le sang qui s’écoule est alors abondant et rouge vif.
L’empyème des poches gutturales
est une séquelle d’une infection des voies respiratoires supérieures.
Par exemple, la gourme ou rupture des ganglions rétropharyngés
abcédés dans la poche gutturale. Il peut aussi être la
complication d’un traitement topique irritant. Cette affection se rencontre
à tout âge mais surtout chez les poulains. Le cheval présente
principalement un jetage nasal purulent unilatéral ou asymétrique
et intermittent. Le jetage se produit quand le cheval baisse la tête
pour manger. L’épistaxis n’est pas nécessairement
associée.
Il est possible d’explorer les poches
gutturales par endoscopie et d’y réaliser des prélèvements
en vue du diagnostic. La radiographie peut, elle aussi, être très
intéressante.
Le sang qui s’écoule par les naseaux ne représente
que la partie émergée de l’iceberg, on ne sait pas voir
ce qui se passe plus profondément. L’endoscopie nous permet de
franchir cette barrière et de déterminer de façon précise
pourquoi un cheval présente ou a présenté de l’épistaxis.
Les affections qui font saigner sont de bénignes à très
graves. Pour cette raison, il est important de consulter le vétérinaire
traitant pour avoir un diagnostic et un traitement adapté à
la pathologie