LA MUSCULATION DU CHEVAL




L'influence du poids du cavalier

De tous temps, le cheval a été le compagnon de l'homme et intimement associé à ses progrès. La dernière utilisation noble du cheval pour l'homme est sa une monture. A partir de là, on en a naturellement conclu que le cheval était fait pour porter le cavalier.
Cependant, il est nécessaire de rappeler que ce n'est pas le cas, et le premier but de l'équitation est justement d'amener le cheval à supporter sans aucune gêne le poids du cavalier et à retrouver son attitude et ses allures naturelles.

La présence de l'homme sur le dos d'un cheval altère l'équilibre naturel, produisant une nouvelle répartition du poids sur les membres et d'un nouveau travail musculaire ayant pour but d'amener le cheval à se mouvoir en supportant une charge.

La présence du cavalier sur le dos du cheval provoque chez ce dernier un trouble important. Le trouble qui se traduit chez le cheval en mouvement par une altération des allures. Tout cela dû à une contraction musculaire généralisée qui amène une raideur tant longitudinale que latérale. Cette raideur, cette contraction musculaire est due au fait que certains muscles sont détournés de leur fonction naturelle pour s'occuper de cette nouvelle tâche : porter le cavalier.

Moins le cheval fera participer de muscles pour supporter le poids du cavalier, plus il y aura de muscles libres qui pourront assurer leurs fonctions originelles et redonner au cheval grâce et naturel.

Ainsi assouplies et décontractées, les masses musculaires pourront se développer, préparant ainsi le cheval à aborder dans les meilleures conditions possibles son “travail” de cheval de selle ou de compétition.

Les muscles essentiels
Le poids du cavalier entraîne une surcharge du pont vertébral, surtout manifeste dans sa partie antérieure, parce que plus mobile que la partie dorsale. Cette surcharge provoque un excès de pression verticale, de poussée et de traction horizontale. Pour neutraliser ces forces, le cheval renforce la tension supérieure et inférieure du pont. Le cheval prend alors une attitude pour rigidifier le dos. Cette attitude se traduit par un port particulier de l'encolure, le plus fréquemment celui de l'encolure renversée.
attitude 1

Ce port de l'encolure est fréquent chez un cheval long, avec un dos faible. Cette attitude est conditionnée par la contraction tonique des muscles cervicaux supérieurs (en vert sur le schéma) fortement raccourcis.

De ce fait, les muscles cervicaux inférieurs sont allongés et plus ou moins contractés.
Splénius et complexus raccourcis redressent et tirent vers l'avant les apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales.
La base d'encolure s'affaisse ; l'angulaire est allongé par la bascule du sommet du scapulum vers l'arrière, sous la traction du grand dentelé ; ce dernier se laissant distendre par l'affaissement du tronc entre les épaules.
Les dorsaux contractés étendent le rachis et provoque un « ensellement du dos ». Cette extension du dos gagne l'articulation lombo-sacrée et provoque l'enfoncement du rein. Les muscles du tronc sont sous une contraction presque générale et retentit sur les muscles des membres. Le grand dentelé plaque l'épaule contre le garrot, ce qui réduit tous ses mouvements. Le mastoido-huméral, mal dirigé, ne peut donner amener au soutien la pointe de l'épaule vers l'avant. Les fessiers s'opposent à la bascule du bassin vers l'avant ; de ce fait, l'étendue de l'engagement du postérieur est réduite. Au repos, le cheval est campé, le dos enfoncé ; en mouvement, les antérieurs manquent d'extension, les postérieurs restent loin derrière sans s'engager ; Un tel cheval est lourd à la main et raide.



Une forte contraction des abdominaux accentue la voussure antérieure du pont vertébrale. Le dos rein est voussé. Comme dans le cas précédent, les mêmes muscles chevillent les épaules. Le cheval a des gestes étriqués ; les postérieurs maintenus sous la masse ne peuvent se détendre ; le cheval se porte difficilement en avant et est plus ou moins acculé. Ce schéma se retrouve souvent chez des chevaux brévilignes, aux muscles courts.
Attitude à donner à un cheval "neuf"

Nous venons de voir que le poids du cavalier provoquait un affaissement du tronc entre les épaules et un déséquilibre dans les contractions et élongations des muscles supérieurs et inférieurs du rachis. Il va donc falloir provoquer l'élévation du thorax entre les épaules et rééquilibrer le tonus musculaire. Etant admis que toute élongation musculaire permet une meilleure contraction et donc augmente la force musculaire, il va falloir provoquer une extension musculaire qui se traduira par toute autre attitude du cheval :
Cette attitude correspondra à une encolure étendue dans une position au minimum horizontale.

Cette attitude, si elle est prise “naturellement” par le cheval, traduit une décontraction et donc un relâchement musculaire qui va permettre une tension équilibrée des tenseurs et des fléchisseurs du dos. Cette position d'encolure assure, à elle seule, une tension suffisante du rachis. Etant décontractés, les muscles pourront jouer librement et ainsi se fortifier pour pouvoir progressivement s'adapter à leur nouvelle fonction. La descente et l'extension de l'encolure entraînent la tension du ligament cervical et l'extension des muscles cervicaux supérieurs. Il en découle un redressement des apophyses épineuses du garrot et un affermissement dorsal par tassement des corps vertébraux.

Les muscles cervicaux supérieurs provoquent un relèvement du garrot et donc une élévation du thorax entre les épaules. Le mastoïdo-huméral, mieux dirigé, permettra un geste plus souple et plus étendu des épaules. Tenseurs et fléchisseurs du dos trouvent en avant une insertion fixe qui permet leur tension équilibrée et un jeu plus ample des postérieurs.

L'abaissement de l'encolure laisse le cheval sur les épaules. Cependant, il est maintenant dans de bonnes conditions pour engager ses postérieurs et redresser son avant-main, ce qui l'amènera progressivement à un équilibre sur les hanches. Cet abaissement de l'encolure ne nuit en rien à l'attitude naturelle du cheval libre, toujours sur les épaules.

Musculation visant à rétablir l'équilibre naturel :

Elle a pour but de :

Il existe deux méthodes pour y arriver.

L'une qui ne s'attaque qu'aux effets et non à la cause : utilisation des enrênements.

L'autre, naturelle et positive, qui se base sur une gymnastique et l'utilisation d'assouplissements permet un jeu musculaire naturel.

1°) Abaissement de l'encolure :

Etant donnée qu'un muscle se fortifie grâce à une augmentation de l'afflux sanguin. Cet apport ne peut se réaliser que par l'alternance des états de contraction et d'élongation du muscle.
De ce fait, tout état (de contraction ou d'élongation) permanent diminue l'apport sanguin et réduit la fortification musculaire.

On en déduit aisément qu'il faut donc travailler alternativement en contraction et en élongation, ce qui suppose un travail sur le cercle avant tout. Par ailleurs, les incurvations latérales favorisent l'engagement des postérieurs et la détente et l'enjambée de l'antérieur opposé à l'incurvation.

Le travail à la longe en s'attachant à la rectitude du cheval sur le cercle permettra de donner au cheval l'attitude que l'on recherchera pour le cheval monté, favorise une musculation dans le bon sens et une fortification musculaire.

Le mouvement en avant permet l'augmentation de la tension supérieure du rachis.
Les allongements d'allure obligent le cheval à utiliser l'action des extenseurs de l'encolure pour renforcer la détente des ilio-spinaux. Les fléchisseurs cervicaux se contractent pour assurer la fixité des extenseurs. De même, allongements et transitions fortifient les muscles inférieurs.
La fortification des muscles inférieurs est encore améliorée par du travail de mobilisation des hanches sur le cercle et par des agrandissements et rétrécissements de cercles qui, modifiant l'incurvation latérale, permettent essentiellement un meilleur travail des abdominaux.

Le travail en terrain varié permet lui aussi une bonne gymnastique musculaire :
  • les descentes favorisent la contraction la contraction des abdominaux
  • les montées au pas obligent une détente accrue : l'encolure prend une large part au travail des extenseurs.

De même, le travail latéral (épaule en dedans, appuyers) va permettre une fortification musculaire essentiellement des fléchisseurs.


2°) Elévation du thorax :

Les exercices latéraux qui améliorent la tension inférieure vont permettre aussi l'élévation du thorax. Le chevauchement d'un antérieur sur l'autre nécessite la contraction du mastoïdo-huméral pour amener la pointe de l'épaule en avant et maintenir l'incurvation de l'encolure. Il y a contraction du splénius et du complexus du même côté et allongement de l'autre côté. Les abdominaux maintiennent l'incurvation du dos-rein et engagent le postérieur du même côté. L'élévation du thorax doit aller de pair avec un relèvement de l'encolure. Ce mouvement suppose l'élongation préalable des extenseurs cervicaux (abaissement et extension de l'encolure), grâce à la contraction des muscles cervicaux inférieurs. Celle-ci provoque ensuite la contraction des extenseurs allongés et permet l'équilibre des tonus musculaires. La base de l'encolure, sous l'action des angulaires, est tirée en arrière et soulève le thorax. On obtient ainsi le “ramener”, conditionné par l'élongation des extenseurs cervicaux et fortification des fléchisseurs et angulaires (par les transitions : arrêt-reculer et allures latérale qui favorisent les contractions alternatives des angulaires pour incurver l'encolure ou la redresser). Le ramener va permettre l'engagement des postérieurs, qui permettra d'arriver au “rassembler”, stade ultime du dressage qui permet au cheval de retrouver un équilibre naturel.

Conclusion

L'équilibre dans les tonus musculaires permet les incurvations du rachis. La souplesse de la locomotion réapparaît. La conduite est facilitée, les muscles décontractés étant à même de répondre aux actions fines du cavalier. Ainsi ont disparues les résistances de force (contractions localisées en réponse à une action du cavalier). Hanches et avant-main répondent avec douceur aux actions des aides.
Le cheval est alors à même d'obtenir un équilibre plus complet qui lui permettra d'améliorer ses performances et de se fondre toujours plus Que doit on savoir ? 1/ dans la locomotion, bassin et encolure se font en quelque sorte contrepoids et constituent, par leurs mouvements conjugués, les 2 agents de force principaux de la machine animale.
2/ Lorsque l'on fait fléchir une articulation, ce ne sont pas les muscles qui déterminent la flexion qu'on assouplit, mais bien ceux qui s'y opposent, car ce sont ceux-là qui doivent céder et se détendre. » (L'HOTTE). 3/ La contraction musculaire est d'autant plus efficace que son étirement préalable lors du geste inverse a été plus grand.
4/ Les déséquilibres du cheval neuf se traduisent, nous l'avons vu, par la contracture ou la distension de groupes musculaires appartenant soit à la tension supérieure, soit à la tension inférieure du pont vertébral. Le rétablissement de l'équilibre naturel doit donc simultanément détruire la contracture des muscles raccourcis et renforcer la contraction tonique des muscles distendus.
5/Releveurs de la base de l'encolure et abdominaux sont solidaires. Le manque d'élasticité des renverseurs de l'encolure s'opposent à l'élévation de la base de l'encolure et à l'engagement des postérieurs.
L'adaptation du cheval doit donc commencer par une gymnastique qui fait travailler en élongation les renverseurs de l'encolure. Cette gymnastique est à base d'incurvation et d' »extension » de l'encolure. L'incurvation de l'encolure est incompatible avec la contraction simultanée des deux renverseurs de l'encolure. Elle oblige à l'allongement des muscles extérieurs. Le cheval, par construction, ne peut pas en même temps incurver et renverser l'encolure.
6/ Les extensions d'encolure ne font travailler les extenseurs, renverseurs de l'encolure, en élongation que si elles sont faites le bout du nez s'abaissant pendant le mouvement, la nuque s'abaissant : le cheval cède dans sa nuque et sa mâchoire et relève la base de l'encolure. Il doit cependant continuer à se soutenir dans son bout de devant !